La mondialisation : nouveau colonialisme.
La mondialisation est peu ou prou la 
continuation du modèle colonial. Les nations développées continuent à 
se procurer des matières premières et de la main-d’œuvre à bas prix. Le 
consommateur final y trouve son compte même s’il rechige à 
l’avouer. Les biens de consommation sont à moitié prix de leur vraie 
valeur, celle qui résulterait d’un salaire juste. Pas celui perçu par 
des hommes et des femmes entassés dans des usines insalubres du 
Bengladesh ou alignés comme des pions dans d’interminables usines 
chinoises sous le regard implacable des membres du parti qui 
garantissent l’ordre social aux manufacturiers étrangers. 
Notre chômage est le prix à payer.
Chaque chose
 ayant son revers, ce qu’on gagne au niveau des prix, on le perd au
 niveau de l’emploi, et la cohorte des chômeurs était grossie par une 
immigration à laquelle on parvenait difficilement à offrir une 
qualification. 
Nos entreprises traditionnelles ne rapatrient plus leurs bénéfices de l'étranger.
Pour maintenir une paix sociale rendue déjà très 
artificielle par un niveau de prix anormalement bas, on subventionne 
les oubliés de la mondialisation en pompant largement dans la richesse 
d’entreprises d’avenir, pendant que celles du passé, celles qui vivent
 exclusivement du différentiel de coût du travail, rechignent à 
rapatrier leurs bénéfices dans leur pays d’origine, profitant 
allègrement de la mondialisation des capitaux et de la nature apatride 
de ces bénéfices. 
Notre endettement enfle.
Pendant ce temps déjà long à l’échelle d’une nation
 déclinante, l’endettement enfle inexorablement, menace vidant de leur
 substance tous les discours apaisants qui exhortent à une croissance 
attendue avec la sérénité des défenseurs de la ligne Maginot. 
Consommer et accumuler : un modèle obsolète 
Notre 
système de production et de consommation, basé sur l’accumulation de 
biens plus ou moins utiles, est à l’évidence obsolète, 
mais on n’en connait pas d’autre qui soit réaliste. L’idée 
communiste ruinée par la mégalomanie paranoïaque des dirigeants s’est
évanouie et les nations qui l’ont endurée se sont précipitées dans
 le seul modèle qui régissait désormais la planète : l’avidité. 
Contrairement au terrorisme, la mondialisation menace le modèle "enrichissement-assistanat" occidentaux.
Ce qui rend l’avenir encore plus sombre, c’est que la Chine,
 en contrepartie de la mise à disposition de masses laborieuses à bas 
prix, a négocié des transferts de technologies qui, à un terme plus 
ou moins long, ruineront nos secteurs économiques les plus pointus. C'est pour le pays une menace bien plus considérable que celle des 
islamistes sur les nations « civilisées ». Celle-ci monopolise les 
débats et l’attention de nos services secrets.  « L’islamisme est une problématique de pauvres, qui 
ont vécu sur le pétrole pendant un siècle et qui se préparent à 
retourner violemment dans l’obscurantisme que La Mecque déguisée en 
derrick avait fait un peu oublier. Certes, nos musulmans pauvres et sans
 éducation sont dangereux. Mais ils ne menacent pas notre richesse. Les 
Chinois, eux, menacent nos équilibres fondamentaux, jusqu’à notre âme si
 particulière faite d’un mélange de cupidité et de surprenant 
désintéressement. »
Montage d'après Marc Dugain "L'emprise" 2014. Roman
