20/01/2018

Mondialisation ou terrorisme : quel est le plus grand danger?

La mondialisation : nouveau colonialisme.

La mondialisation est peu ou prou la continuation du modèle colonial. Les nations développées continuent à se procurer des matières premières et de la main-d’œuvre à bas prix. Le consommateur final y trouve son compte même s’il rechige à l’avouer. Les biens de consommation sont à moitié prix de leur vraie valeur, celle qui résulterait d’un salaire juste. Pas celui perçu par des hommes et des femmes entassés dans des usines insalubres du Bengladesh ou alignés comme des pions dans d’interminables usines chinoises sous le regard implacable des membres du parti qui garantissent l’ordre social aux manufacturiers étrangers. 

 Notre chômage est le prix à payer.

Chaque chose ayant son revers, ce qu’on gagne au niveau des prix, on le perd au niveau de l’emploi, et la cohorte des chômeurs était grossie par une immigration à laquelle on parvenait difficilement à offrir une qualification. 
 

Nos entreprises traditionnelles ne rapatrient plus leurs bénéfices de l'étranger.

Pour maintenir une paix sociale rendue déjà très artificielle par un niveau de prix anormalement bas, on subventionne les oubliés de la mondialisation en pompant largement dans la richesse d’entreprises d’avenir, pendant que celles du passé, celles qui vivent exclusivement du différentiel de coût du travail, rechignent à rapatrier leurs bénéfices dans leur pays d’origine, profitant allègrement de la mondialisation des capitaux et de la nature apatride de ces bénéfices. 
 

Notre endettement enfle.

Pendant ce temps déjà long à l’échelle d’une nation déclinante, l’endettement enfle inexorablement, menace vidant de leur substance tous les discours apaisants qui exhortent à une croissance attendue avec la sérénité des défenseurs de la ligne Maginot. 
 
Consommer et accumuler : un modèle obsolète
Notre système de production et de consommation, basé sur l’accumulation de biens plus ou moins utiles, est à l’évidence obsolète, mais on n’en connait pas d’autre qui soit réaliste. L’idée communiste ruinée par la mégalomanie paranoïaque des dirigeants s’est évanouie et les nations qui l’ont endurée se sont précipitées dans le seul modèle qui régissait désormais la planète : l’avidité. 
 
Contrairement au terrorisme, la mondialisation menace le modèle "enrichissement-assistanat" occidentaux.
Ce qui rend l’avenir encore plus sombre, c’est que la Chine, en contrepartie de la mise à disposition de masses laborieuses à bas prix, a négocié des transferts de technologies qui, à un terme plus ou moins long, ruineront nos secteurs économiques les plus pointus. C'est pour le pays une menace bien plus considérable que celle des islamistes sur les nations « civilisées ». Celle-ci monopolise les débats et l’attention de nos services secrets.  « L’islamisme est une problématique de pauvres, qui ont vécu sur le pétrole pendant un siècle et qui se préparent à retourner violemment dans l’obscurantisme que La Mecque déguisée en derrick avait fait un peu oublier. Certes, nos musulmans pauvres et sans éducation sont dangereux. Mais ils ne menacent pas notre richesse. Les Chinois, eux, menacent nos équilibres fondamentaux, jusqu’à notre âme si particulière faite d’un mélange de cupidité et de surprenant désintéressement. »

Montage d'après Marc Dugain "L'emprise" 2014. Roman