11/08/2014

J'ai lu Miserere de Jean-Christophe Grangé



Back to basics 

Quand j’en ai marre de tester des auteurs nouveaux (pour moi), marre d’interrompre ma lecture avant la moitié du bouquin, abruti de poncifs, copies éhontées de succès d’éditions et autres personnages agissant comme des abrutis, j’essaye de me replonger dans des valeurs sûres.
Avec ceux de Frank Thilliez, les bouquins de Jean-ChristopheGrangé m’ont souvent redonné le plaisir de lire, ce qui est quand même le minimum qu on peut attendre quand on fait l’effort  d’aller à la bibliothèque, d’acheter un poche,  de dénicher un ebook.
Grangé est, parait-il, un des rares auteurs de polars français à réussir aux Etats-unis : je ne m’avancerai pas sur la réalité de cette affirmation : on nous a abreuvé de Sylvie Vartan ou Mireille Mathieu célèbres aux Etats-unis alors que je n’ai jamais trouvé un de leurs disques sur place chez Tower Records , même dans les années 90.
Quant à la caution américaine de qualité, on peut être dubitatif : les meilleures ventes cette semaine du 14 aout 2014 sont, en thrillers, des romans de Danielle Steel et Daniel Silva (il faut s’appeler Daniel(le)
cette semaine aux USA). Je n’ai pas lu Steel depuis un moment mais je n’en avais pas été bouleversé.
On n'est jamais déçu !
Comme les enseignants aimaient à proclamer « Avec la Camif, on n’est jamais déçu ! », je dirais qu’avec Grangé, je ne le suis jamais non plus. J’arrive avec précaution dans le bouquin car la couverture en est généralement racoleuse, la publicité ratisse large, les hypermarchés en proposent des stocks. Pourtant, je me fais accrocher à chaque fois.
Par exemple, jouer sur l’antagonisme ou l’opposition de deux personnages principaux est un ressort connu pour générer un intérêt du lecteur et il est tentant pour un auteur d’en faire des tonnes.
Dans Miserere pourtant, Grangé s’appuie sur un seul enquêteur au départ, décrivant ses attitudes, ses échecs , ses deuils (oui, encore des ressorts qui ont fait leurs preuves) mais aussi ses anti-dépresseurs, comme en une version actuelle des drogues et alcools dont les héros sont habituellement imbibés. Il est vieux , le bonhomme, à la retraite de la police. On croit bien le connaitre après quelques dizaines de pages alors que son futur partenaire apparaitra comme une source de problèmes, d’incertitudes issus de son trouble passé. Nos gentils ne seront donc pas très cleans.
Les méchants seront en revanche très méchants : s’attaquer à des enfants, des choristes même ! Alors que les claques sont interdites aujourd’hui, ici on y va à la torture sur d’innocents garçons pré pubères. L’auteur ne va-t-il pas jusqu’à accuser nos têtes blondes d’être eux-mêmes des psychopathes recourant à la terreur puis au meurtre « en chantant » comme le répétait Michel Sardou au siècle dernier ? Au moins, on évitera le manichéisme et la manipulation consistant, comme dans Jurassic Park, à faire fuir devant d’affreux dinosaures sanguinaires de tendres enfants désarmés en présentant le film comme « tous publics ».
C’est sûr, on n’est pas obligé d’accrocher, on n’est pas obligé de suivre l’auteur sur son étude historique du chant choral, de la torture, de la violence enfantine… Dans ce cas_là, le bouquin risque de paraître bien longuet.
Pourtant, le choix de faire appel aux différents services français de maintien de l’ordre, à quelques techniques de recherches internet (peu explicitées), à des régions françaises méconnues sont des bonnes idées permettant au lecteur de se sentir inclus dans la progression de l’histoire.
Miserere est donc, à mon sens, un bon polar qui a le bon goût de proposer quelques techniques historiquement utilisées afin d’expliciter ce qui parait parfois fantastique dans l’intrigue. Un bon polar français qui ne semble pas trop lorgner du côté des réussites anglophones, si ce n’est dans l’efficacité de quelques scènes d’action de groupes armés qui font forcément penser aux blockbusters à gros budgets américains.

Wikipédia m’apprends que  « Le réalisateur Sylvain White a adapté ce roman au cinéma. Gérard Depardieu et Joey Starrfont notamment partie de la distribution1 ». Titre :  La marque des Anges /
2013.Les quelques critiques que j'ai parcourues semblent donner un net avantage au bouquin.



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