26/11/2011

Un traître à notre goût / John Le Carré

Grand auteur de pavés de centaines de pages, cultivant le détail et approfondissant le caractère de ses personnages même lorsqu'ils étaient récurrents, John Le Carré qui raconta si bien les coulisses de la guerre froide vue à la hauteur de ses plus humbles exécutants, revient aujourd'hui à des personnages russes.
Le choc de la rencontre avec les anglais de 2010 est moins grand qu'en 1975 mais l'auteur montre une fois encore comment un personnage lambda peut partir la fleur au fusil dans une aventure à laquelle rien ne le prédestine.
Dans "Comme un collégien" paru en 1977, Luke est un ancien du service action de services secrets anglais déchirés et il répond présent à l'appel de Smiley qui vient de chasser un maître espion de la tête de ces mêmes services. La mission de Luke sera d'enquêter puis de ramener dans ses filets des responsables chinois importants auxquels on a promis liberté et reconnaissance en dehors de la Chine rouge.

35 ans plus tard, dans un roman deux fois moins épais, le jeune héros s'appelle de nouveau Luke, le vieux brisard se nomme Hector, le personnage à exfiltrer est un millionnaire russe qui blanchit l'argent des mafias et sent que ses successeurs le poussent dehors.
Un Traitre A Notre Goût est plus condensé, plus occidental mais tout aussi menaçant que la version 1977. La liberté n'est pas davantage garantie, la survie non plus. Le romantisme de la quête est toujours présent et John Le Carré revient à son amour pour les russes et la Russie même si les conditions ont changé. Une constante : les services anglais auront à cœur de se faire valoir auprès des plus grands qu'eux dont le présent du royaume uni dépend : en 1977, c'étaient les américains, aujourd'hui il faut plaire les financiers de tous poils et accueillir l'argent sale dans la city.

A lire : oui, un polar mais surtout un roman humain
A acheter : pour compléter une collection ou offrir à un fan

A emprunter : en rayon ROMAN POLICIER de la Bibliothèque Couronnes.

Extrait en pdf    
Le résumé de Seuil :
Deux jeunes amoureux s’offrent des vacances de rêve dans une île caribéenne. Perry est un austère enseignant d’Oxford, Gail une avocate londonienne prometteuse. Leur pays natal est en pleine récession. Ils font la connaissance de Dima, milliardaire russe fantasque et truculent qui arbore une Rolex incrustée de diamants à son poignet, un tatouage sur le pouce droit et cherche un partenaire de tennis.
Mais, en réalité, ce que cherche Dima se révélera être le moteur qui entraîne ce roman majestueux, tragique, captivant, sur la cupidité et la corruption, du Goulag à Antigua, Paris et la finale Federer/Söderling jusqu’à une planque au fin fond des Alpes suisses, en passant par les recoins les plus troubles de la City de Londres, impliquée dans une collusion contre nature avec les services secrets britanniques.

19/11/2011

Ellroy, Burke, Rendell... toujours d'attaque

Il y a des auteurs qu'on a adoré, dont on a attendu les sorties puis qui connaissent aujourd'hui notre désamour. Ils ont changé (ou pas), leurs histoires semblent caricaturales ou leurs personnages ne nous intéressent plus.
Le monde a changé autour d'eux et nous, nous avons d'autres attentes, nous affinons notre jugement... Les raisons sont nombreuses et variées.
D'autres nous ont lassé mais nous les retrouvons parfois plus tard avec plaisir : en ce qui me concerne, c'est le cas de James Ellroy et James Lee Burke.



James Ellroy a été mon coup de foudre dès le premier bouquin bien entamé, dans les eighties. Même ses œuvres moins connues de l'époque (Un tueur sur la route, par exemple) m'emballaient.
Et puis, le propre personnage de l'auteur a un peu pris l'ascendant sur ses héros. Nouvelles, autobiographie romancée, enquête sur des faists divers marquants de son enfance... les livres se sont succédés, manquant cruellement de l'énergie des premières parutions.
J'ai retenté récemment ma chance avec "Tijuana Mon Amour" annoncé comme réunissant articles de journaux et nouvelles (méfiance!).
Pourtant, le souffle est de retour, les récits de nouveau hallucinés  dans les deux recueils de nouvelles : 100 pages sur Danny getchell, le reporter mythique de L'Indiscret et 150 pages sur le flic Rick amoureux de Donna la Star...
Mon avis : du bon Ellroy, enfin !

James Lee Burke m'avait un peu lassé au fil du temps également : son personnage d'alcoolique repenti droit dans ses bottes, ses principes émouvants sur la rédemption, la façon d'élever les enfants ou de gérer les conflits raciaux en Louisiane... Tout ceci tournait un peu en rond, peut-être à cause de mon habitude de lire, quand je l'apprécie,  tout ce qu'un auteur a sorti.
Après le film réalisé par Tavernier, je suis tombé par hasard sur "La descente de Pegase" chez Rivage, paru en 2010 en France. Dave Robicheaux, l'ex flic redevenu flic, a fermé son ponton de pêche, envoyé sa fille adoptive en université... Du neuf dans la famille. Toujours, partagé entre les truands avec qui il a des rapports conflictuels et son ami de longue date qui semble s'amouracher d'une aventurière équivoque, il travaille maintenant sous les ordres d'une supérieure lesbienne et les principaux problèmes viendront de la nouvelle génération de  "fils de " gangsters ou hommes politiques. Tout finit par changer, même en Louisiane.
Pas de chapitre sur La Nouvelle Orléans et ce qu'elle est devenue depuis Katrina, rien sur Alafair qui est juste "à la fac", rien sur l'ancien employé qui gérait la boutique de pêche et peu de choses sur sa nouvelle compagne, une ex religieuse. Comme le dit la 4ème de couverture, "Dave Robicheaux a tourné quelques pages".
Mon Avis : Le roman est de bonne tenue, agréable à lire; Un bon passe-temps, une ambiance du sud agréable à retrouver même si elle perd irrémédiablement son identité.

A Ruth Rendell, je n'ai rien à reprocher, si ce n'est de ne pas être assez connue en France et moins présente qu'Ellroy ou Burke dans les rayons des libraires ou des bibliothèques.
Tous ses bouquins m'ont toujours paru intéressants, qu'il mettent en scène son inspecteur Wexford ou non.
Certains des livres débutent en montrant des personnages peu excitants, avec des questionnements
ordinaires ou au contraire semblant relever de la psychiatrie car, en dehors des enquêtes de son inspecteur Wexford qui apparait en 1964 et ressemble pourtant déja beaucoup à notre Barnaby des années 2000, Ruth Rendell évite le milieu policier et les enquêtes à résoudre.
A-t-elle créé un personnage sympathique, telles Jessica Fletcher ou Miss Marple, qui ne peuvent faire un pas hors de chez elle sans tomber sur un crime? Même pas !
Sans inspecteur de Police, sans héros stéréotypé, Rendell nous fait connaître des personnages de la classe moyenne britannique, des SDF, des adolescents largués, des petits lords... et elle nous conduit ensuite dans leurs interrogations, leurs hésitations...
Mais des retournements de situations, il y en a et les personnages qu'on croyait connaitre  au départ nous montreront combien il est facile de se laisser séduire par les apparences!
Les plus sûrs d'eux connaitrons parfois la déchéance ou une fin sanglante. Le paranoïaque sera peut-être sauvé par sa maladie.
Un peu comme dans certains Almodovar, une action qui apparait vouée à l'échec aura une fin heureuse et inversement.
A noter que ses personnages féminins sont formidables dans leurs diversités et échappent aux stéréotypes habituellement rencontrés. On en apprendra tellement sur elles au fil des pages!
Ma dernière lecture de Ruth Rendell est "Et l'eau devint sang" (Water's lovely = l'eau est bonne en version originale, plus approprié!) et c'est une réussite pour celle ou celui qui accepte de donner aux personnages la possibilité de se faire connaître.
Même en re-situant l'histoire en 2005, le lecteur aura bien du mal à anticiper quelle destinée Ruth
Rendell  infligera à plusieurs de ses personnages.

Mon avis : Excellent !
Mes préférés : Le petit été de la Saint Luc , Le journal d'Asta
Les enquêtes de l'inspecteur Wexford :  Simisola, Le petit été de la Saint Luc(1971)
 Note : Ruth Rendell publie aussi en anglais sous le nom de Barbara Vine (les titres anglais de ce pseudonyme se trouve en Français sous le nom de Rendell...)

18/11/2011

Retoucher images et photo sans installer de programme


 Pour de nombreuses raisons, on peut désirer modifier photos, images, scans sans installer de programme sur l'ordinateur : installation interdite par l'employeur, éviter une installation pour une courte activité, travail chez un client, ordinateur basique ou simple terminal connecté à internet, travail dans un web-café...
La plupart des sites en ligne demandent d'envoyer ses photos avant de les modifier mais il existe quelques logiciels de retouche qui chargeront votre image ou photo de votre ordi ou clé Usb et la sauveront de même après modification, sans inscription, sans abonnement et gratuitement.

Après quelques tests, mon préféré est pixlr.com, découvert ici.


Pixlr Editor se gère comme un logiciel de dessin et même un excellent et ses touches de raccourcis sont celles que l'on connait : copier, coller... Ainsi, sur un scan de document écrit, on règlera sans doute "Luminosité et Contraste" pour améliorer la lisibilité et la présentation.
Et pourtant vous êtes simplement en ligne sur votre Firefox ou autre navigateur.

Et toutes les transformations se font en direct, en instantané si votre adsl le permet.

Il suffira ensuite de sauvegarder sur votre ordi et pixlr vous demandera même si vous voulez écraser l'ancienne version de votre image présente sur votre disque ou clé usb, la preuve que vous êtes bien "chez vous".

De plus, pixlr.com permet de créer de toute pièce une image à partir d'une page blanche...panneaux, affiches, étiquettes... les possibilités sont immenses.

Mon avis : un must !



notes :
  • pixlr s'affiche en français mais l'aide semble uniquement en anglais. En revanche, elle proposent d'autres extrapolations de ce programme pour traiter webcams...
  • Une connexion internet est évidemment nécessaire et, avec un adsl rapide, le confort est au rendez vous.

11/11/2011

Pete Dexter , gagnant du Prix Du Meilleur Polar Points Seuil 2011

La nouvelle est arrivée rapidement aux jurés du Prix Du meilleur Polar Points 2011 et c'est bien normal : une fois l'échéance de la remise des votes arrivée, il suffisait de compter les voix (dont une double pour le président).
  • Cotton Point de Pete Dexter est classé 1er avec 15 voix, soit presque une majorité absolue.
  • Les Brumes Du Passé de Leonardo Padura (mon choix personnel) est second avec 11 voix.

Cotton Point / Pete Dexter    1er
Cotton Point sur le site de Points
Mon avis : J’ai dû me forcer à poser le bouquin après plusieurs heures de lecture, et ce afin de recommencer à vivre normalement. Les premiers chapitres sont très durs, très noirs mais je voulais en sortir avant de revenir à ma vie.
Heureusement (selon moi), l’humanité de certains personnages apparait par la suite et je lis maintenant de manière plus sereine, en témoin de ces caractères complexes.
C’est du roman noir et pas facile de dire qui sont les gentils ou les méchants… Tous coupables, comme dans « Le Cercle Rouge  » de JP Melville?




Mon avis : Quelle bonne surprise! Et la découverte pour moi d’un auteur qui a déjà plusieurs romans à « rattraper », c’est tout bénef!
Ce bouquin, c’est tout ce que j’aime dans le genre : des survivants du libéralisme pas trop cyniques, rebelles, cultivés et gourmets. Ils ont résisté à l’appel des sirènes de Floride et gardé leur âme cubaine. Les personnages sont intéressants, bien vivants au fil des pages. Les situations permettent des come backs naturels et l’auteur fait partager également son histoire. Après la neige de Syracuse (state of NY) de « Origine », l’île tropicale de Cuba est un vrai dépaysement sans que Padura nous en fasse une publicité mensongère : on y crève de faim et on y boit des bons coups! L’auteur ayant sa photo en couverture, j’ai eu tendance à le voir dans la peau de cet ancien flic…


Jugés moins convaincants par les jurés (mais chacun votait pour un seul livre préféré donc par élimination) : 
    • HIVER   Kallentoft  et  
    • LA RONDE DES INNOCENTS  Valentin Musso ( voir mon avis ci-dessous, donné sur le site Points)
    C’est un premier roman qui ressemble … à un premier roman. Les premiers chapitres me semblent patauds, l’auteur explique beaucoup (trop?) sur les personnages et il utilise une méthode qui a fait ses preuves : deux meurtres plutôt différents vont-ils être liés par la suite ou mener à deux enquêtes distinctes?
    Contrairement à Mme Figaro [...], je me lasse assez vite après quelques pages de cette lecture mais ce n’est pas un défaut rédhibitoire : j’aime cette façon de lire non-obsessionnelle et, de toute façon, je suis un peu fatigué en ce moment...
    Lisant la prose d’un auteur qui doit se faire un prénom, j’apprécie dans La Ronde Des Innocents d’y trouver des petites maladresses, une envie de bien faire comme j’en lis régulièrement dans les quelques tapuscrits qu’on me soumet parfois. Valentin Musso semble nous dire « voyez, vous aussi vous pouvez être publié ».
    Mais il y a aussi la conséquence de cette impression : je compte beaucoup sur la deuxième partie du bouquin qui devra être bien ficelée pour me convaincre que l’histoire seule aurait suffi à emballer un éditeur. Vos critiques déjà publiées ici semblent rassurantes sur ce point.

    le 01 juillet 2011 à 14 h 00 min 
    Note : finalement, la fin du livre ne rachètera pas vraiment la première partie. Juste un premier roman pas trop mal...


    ref : http://www.meilleurpolar.com/















    01/11/2011

    Les sculptures architecturales de Frank O. Gehry

    Connu en Europe pour le musée Guggenheim à Bilbao, 
    Frank O. Gehry a sa touche personnelle que l'on reconnaitra 
    ici au fil de ses architectures monumentales 
    même s'il a fait quelques bâtiments plus petits...