D'ailleurs Ben est une femme (Maria Verbena est son vrai prénom) et je peux prouver qu'elle aime les hommes par la grâce qu'elle met à les défendre quand ils tombent..
Quand les femmes se lancent dans l'écriture de romans policiers, nombre d'entre elles aujourd'hui auraient tort d'éviter une tendance lourde des dernières années : le polar qui parle des femmes et de leurs enfants, des dangers qui les guettent, des prédateurs de tous bords qui les attaquent dans une maison isolée, au travail ou au bureau... Le marché se porte très bien et ne manque pas de tueurs en série, de pervers polymorphes, de meurtres en nombre et d'angoisses oppressantes.
Mais nous savons que nos auteures favorites (comme Mo Hayder, par exemple) n'ont plus rien à prouver en matière de polar et qu'on ne peut guère les accuser de profiter de leurs écrits pour faire avancer les causes féminines (sinon la leur propre) tellement leurs personnages féminins sont dépeints avec sévérité.
Ben PASTOR, elle, situe plusieurs de ses romans au temps de la deuxième guerre mondiale et c'est dans le camps des oppresseurs qu'elle plante sa tente. La période est déjà riche en évocations poignantes mais Pastor ne s'intéressera à l'Histoire européenne qu'en toile de fond car ses intérêts se portent sur ses personnages (qu'elle dépeint très bien), sur le meurtre d'un notable , d'une religieuse illuminée ou la disparition d'un vagabond, sur les rapports de pouvoir ou de soumission à la loi dans cette période où toutes les horreurs ont été commises. Le premier roman de la série évoque la période d'alliance entre Russie communiste et Allemagne nazie, le deuxième de l'étrange parenthèse où les alliés avaient déja débarqué en Italie mussolinienne, offensive que les nazis contraient en installant une "république" nazie dans le nord du pays, période déjà traitée par P.P.Pasolini d'une façon bien différente.
Un enquêteur est présent dans ces deux bouquins : Martin Bora, un homme qu'on a déja essayé de faire tomber plusieurs fois mais qui résiste à sa manière (militaire) aux infamies de ses compatriotes SS, que ce soit à l'est du reich ou dans son sud. Ses interlocuteurs sont également dépeints avec finesse et c'est à de véritables enquêtes que nous avons droit. Comme dans les formidables romans de Philip Kerr qui se situent à la même époque, l'atmosphère est pesante et riche de mensonges, mais sans doute ici traitée de manière moins typiquement politique qu'influencée par les luttes d'influence et de survie à tous les niveaux des sociétés.
On ne parlera pas vraiment de justice rendue à la fin des ces deux romans, tellement le sujet est aléatoirement traité sous occupation étrangère, même d'alliés de circonstance. Toutefois, on craint sans arrêt pour Martin Bora et sa quête d'une certaine vérité.
Alors que même les habitants des territoires les plus éloignés des conflits ont raconté la noirceur de cette époque dans leurs témoignages que nous avons parfois eu en famille ou en amitié, ceux qui se trouvent aux endroits clés ou travaillent sur des sujets critiques ont dû souvent ressentir la fragilité de leurs attentes et de leur avenir proche...
Alain Lacour / Hiroshima, HI, Japon
- Deux formidables romans parus en français (traduit de l'américain) chez Actes Sud (Actes Noir) sous cette couverture qui participe de ses succès.
- En librairie ou en bibliothèques de prêt.
Parole d'éditeur :
LUMEN Dans la Pologne que l’armée allemande occupe en 1939, l’assassinat de la Mère Kazimierza, religieuse connue pour ses dons de prophétie, peut mettre le feu aux poudres. Un duo improbable enquête : Martin, officier du renseignement allemand, et le père Malecki, Américain, prêtre à Chicago, envoyé par le Vatican. Deux humanistes dans un monde qui méprise l’homme. [...]
En tant qu’officier Martin est coincé entre la loyauté qu’il doit à son pays et un idéal humaniste, qui l’amènera à aimer la discussion, pas toujours facile, avec le père Malecki, prêtre venu de Chicago, envoyé par le Vatican pour enquêter sur la mort très suspecte de Mère Kazimierza, membre d’un couvent connue pour ses dons de prophétie.[...]
LUNE TROMPEUSE : Novembre 1943. Vittorio Lisi, l’un des hommes forts du parti fasciste à Vérone, est assassiné dans l’Italie occupée. Clara, sa jeune épouse, apparaît rapidement comme le principal suspect. Délicate, l’enquête est confiée au major de la Wehrmacht Martin Bora, récemment transféré du front russe. Etroitement surveillé par sa hiérarchie depuis qu’il s’est opposé aux menées des SS sur le front de l’Est, Bora doit jouer de prudence et composer avec le tempérament latin de l’inspecteur Sandro Guidi, qui n’est pas insensible aux charmes de la jeune veuve…[...]